Carrière
Max MAMERS : l'homme des Paris.
Sa carrière, sous le signe des paris, débute en Rallye en 1968, avec une Berlinette Alpine et une R8 Gordini. Puis ce fut le volant Shell qu’il termina troisième derrière Jean-Luc Salomon et Jacques Laffite, et les grands débuts en Formule Renault, où il réussit de belles saisons ponctuées de victoires à Nogaro en 1971, à Montlhéry en 1972, ainsi que la pole à Monaco.
En 1973, nouveau pari, il abandonne la FR et dispute la coupe Simca 2 Litres qu’il remporte et devient pilote usine Grac en 1974. Il participe à ses premières 24h du Mans et dispute quelques épreuves du championnat du monde d’endurance.
C’est alors qu’il donne une nouvelle orientation à sa carrière, en 1975, en s’alignant en courses de côte au volant d’une March 742 Roc. Il disputera même une course de Formule 2 en circuit à Magny-Cours. En 1976, il remporte 7 scratchs ; en 1977, il en remporte 11 et prend la deuxième place du championnat. En 78-79-80, il participe à 60 courses, obtient 32 victoires dont 4 en Championnat d’Europe de la Montagne.
Pendant cette période, il disputera 5 fois les 24h du Mans au volant de la plus rapide des autos : la WM, auréolé d’une victoire en GTP en 79. Pour sa sixième participation en 1981, il est victime d’un accident à 360 km/h dans la ligne droite des hunaudières.
Mais la course de côte commence à le lasser un peu et un nouveau pari s’impose.
Ce sera le Rallycross, où il débute au volant d’une Alpine A310, puis intègre l’équipe officielle Matra en 1982, avec Jean-Pierre Beltoise, au volant d’une Matra Murena ROC, avec laquelle il décroche deux titres de champion de France de Rallycross en 82 et 83.
En 1985, la rencontre avec Frédéric Gervoson sera le début d’une collaboration avec le groupe Andros, en sponsorisant le partenariat de la saga BMW, dont Max sera le pilote officiel. De cette union naîtra plus tard le fameux Trophée Andros…
Une fois de plus Max Mamers a réussi son pari, devenir rapidement compétitif dans une discipline inconnue.
Après avoir presque tout gagné en Rallycross, le rappel de la piste l’entraîne à disputer deux saisons de Porsche Turbo Cup, puis la fin de sa carrière en SuperTourisme, non sans avoir goûté au Paris-Dakar en 88 et 89.
Après la dernière victoire au Grand Prix d’Albi sur la Mercedes 190 avec Jean-Louis Bousquet, il était temps d’assouvir ses passions de dirigeant et d’organisateur.
Mais son plus étonnant pari est certainement d’avoir réussi au plus haut niveau en compétition automobile sans avoir jamais abandonné son métier d’ostéopathe à Objat, en Corrèze.
En route pour de nombreuses autres aventures !
En 1990, avec son ami et complice de toujours, Frédéric Gervoson, il crée le Trophée Andros. Et là, les paris ne manquent pas ; – l’Andros deviendra la plus grande course sur glace au monde, – on transformera huit fois le Stade de France en piste glacée, avec un total de 400.000 spectateurs, – Alain Prost finira sa carrière avec trois titres sur le Trophée Andros, – en 2009, il crée la première compétition automobile 100% électrique, – il produit le premier Grand Prix automobile électrique à Pau (mai 2011).
Un autre pari : Max, dirigeant du C.A.Brive Rugby, rêve avec ses amis Patrick Sébastien et Jean-Luc Joinel d’un titre de champions de France de rugby. La finale sera perdue, mais, six mois plus tard, le C.A.B. était champion d’Europe !
En 2002, il crée la Fun Cup France et en 2008, les Classic Days pour rassembler des voitures anciennes.
Entre temps, l’association avec Laurent Fignon donnera naissance à une course internationale de cyclisme, le Paris Corrèze, qui pendant 12 ans aura consacré de nombreux champions cyclistes.
Paris gagnés !
A bout de bras…
En pleine forme quand il a pris sa retraite à l’âge de 35 ans, comme le font beaucoup d’athlètes de haut niveau, le Trophée Andros a pourtant eu une enfance difficile.
Le jour de sa naissance, de nombreuses mauvaises fées se sont penchées sur son berceau, peu soucieuses de faciliter la croissance du petit dernier de la famille auto.
Les hiérarques de la fédération, la plupart des journalistes « spécialisés » gorgés de conformisme rémunéré voyaient le bébé Trophée au mieux comme une facétie ringarde ; au pire comme une menace à l’ordre établi.
Dans cette ambiance, seul un personnage jalousement indépendant et disposant de compétences multiples, une sorte de « couteau suisse » humain pouvait faire le job. Il s’appelle Max. Max Mamers pour l’État civil. « Max la menace » pour ses détracteurs.
L’ostéopathe d’Objat et de l’équipe de rugby de Brive, pilote tout-terrain, aussi à l’aise : sur le bitume des courses de côte, que sur l’asphalte des 24 Heures du Mans, que dans les sables du Dakar, ainsi que sur la terre battue du rallycross, dont il a été champion de France, ou la neige des 24 Heures de Chamonix, Max Mamers a vite appris à tout maîtriser, de l’humain à la mécanique.
Les aficionados de l’Andros l’ont vu inventer un règlement unique au monde valorisant à parts égales la performance et le spectacle ; la technique et l’artistique.
Appliquant la recette des « Tontons Flingueurs », tantôt le bourre-pif, tantôt la diplomatie, Max et son équipe ont rassemblé un casting de folie : les meilleures femmes pilotes, une cinquantaine de champions du monde et de champions olympiques et… des people, des artistes, des stars du showbiz, tous attirés par cet étrange mélange de rivalité et de convivialité.
A cheval sur deux siècles, deux générations de pilotes et deux logiques apparemment contradictoires, le thermique et l’électrique, Max a bâti son succès à bout de bras.
Il fallait vaincre les opposants, convaincre les détracteurs, passionner le public, attirer les médias, de la chaîne l’Equipe à CNN, en passant par Canal+, établir un plateau « Open », permettre à d’anonymes « Gentlemen Drivers » d’inscrire leurs noms sur la même feuille de temps qu’Alain Prost ou Yvan Muller, et les réunir tous autour du vin chaud des troisième mi-temps à la belle étoile par -20° à deux mille mètres d’altitude…
Seul Max pouvait le faire.
Certains affirment même l’avoir vu un jour trop ensoleillé, implorer le ciel pour que tombe la neige. Et, finalement, elle est tombée.
Depuis la 1ère à Serre Chevalier le 27/01/1990, 362 courses et 35 éditions se sont disputées. Le drapeau à damiers s’est abaissé pour la dernière fois le 27/01/2024 à Super Besse. La boucle est bouclée.








Journaliste France Inter, France Info
historique speaker du Trophée Andros